Créer une maison relais pour les jeunes marginalisés, le projet social de Charlotte Defay

Quelle formation avez-vous suivie à LISAA ?

Après avoir effectué une première année de Mise à Niveau en Arts Appliqués à LISAA Nantes, j’ai suivi un cursus en Mastère Architecture d'intérieur et Design global dans la même école durant 5 années.

Pouvez-vous me faire une description de votre projet ?

Aujourd'hui, 26 % des personnes sans-abri nées en France sont à la rue depuis leur jeune âge. Cependant, les villes de France, notamment Nantes, souffrent d'un grand manque de structures d'accueil. L'objectif de mon projet est donc de construire un foyer axé sur la notion de famille. Ce foyer, par le biais de l'apprentissage et de la transmission, vise à permettre aux jeunes marginalisés d'évoluer dans un environnement qui les définit.

L'idée est de créer une maison relais pour ces jeunes marginalisés, comprenant une dizaine de chambres, ainsi qu'une habitation pour l'hôte des lieux, chargé de veiller au bon fonctionnement des lieux et d'accompagner les jeunes dans leur parcours vers la vie active. Le projet propose des logements sans limitation de durée, permettant ainsi aux jeunes de prendre le temps nécessaire pour se construire, tout en offrant un lieu de vie commun, un foyer convivial, collectif et sécurisant. Le but est également de favoriser les liens sociaux entre les jeunes et les habitants du quartier.

D’où vous est venue l’idée ? Quelles sont vos inspirations ?

L'idée de ce concept architectural m'est venue naturellement, dans le but d'intégrer la nature environnante à l'intérieur des lieux, de refléter les habitations du quartier sur le site tout en préservant le patrimoine et en apportant une touche contemporaine. Je me suis inspirée des maisons traditionnelles du quartier du Vieux Doulon, ainsi que de Johan Sundberg Arkitectur, qui a créé la maison "Bergman-Werntoft House" en Suisse. Cette maison s'intègre parfaitement dans la nature, adopte des codes contemporains et répond aux critères écologiques.

Quel a été votre processus créatif tout au long de l’année ?

Il y a un an, la Ville de Nantes a lancé un appel à la créativité des Nantais pour réinventer neuf lieux inoccupés de la métropole, appelés "Les lieux à réinventer". Doulon est un quartier historique à vocation sociale, dont les habitants désirent pérenniser cette valeur pour créer un lieu solidaire propice au développement environnemental et social. Il a donc fallu proposer un aménagement prenant en compte les dimensions sociale, culturelle et environnementale, tout en étant utile.

Pour créer un environnement adapté aux usagers et qui s'intègre au cœur du quartier en impliquant ses habitants, nous avons travaillé individuellement sur différents scénarios et concepts. J'ai réalisé des esquisses, effectué des recherches techniques, mené des interviews, visité des lieux en lien avec notre concept, tel que Fratrie à Nantes, effectué une veille des tendances, dessiné, réalisé des plans en 3D et des élévations, ainsi que des visuels réalistes.

La cible choisie pour ce projet correspond à des jeunes femmes et jeunes hommes âgés de 16 à 25 ans en difficulté financière ou sociale, c'est-à-dire sans abri, désireux de sortir de la précarité. Pour que ce projet fonctionne dans le quartier, il doit également inclure ses habitants et répondre à leurs attentes en les faisant participer à son élaboration, dans le but de pérenniser le lieu.

Quelles ont été vos différentes créations innovantes lors de ce projet ?

Pour ce projet, j'ai concentré mes efforts sur un espace qui m'a semblé crucial dans l'évolution des jeunes accueillis : le LAB'Cure, un atelier axé sur la menuiserie. Il constitue l'élément phare du projet, regroupant l'ensemble des problématiques et objectifs de mon projet en favorisant la transmission et l'apprentissage, dans une perspective de reconstruction et d'épanouissement vers un futur métier.

J'ai envisagé cet espace comme un plateau libre, similaire à un garage domestique, un atelier de menuiserie polyvalent qui s'intègre dès l'entrée de l'usager au site et qui se démarque une fois dans la cour. Il symbolise l'épanouissement, la créativité et le partage. Il est de plain-pied et offre une modularité de l'espace en étroite relation avec la bibliothèque adjacente. Ce plateau libre permet aux usagers de s'approprier l'espace selon leurs besoins, transformant ainsi l'aspect statique de la menuiserie en fonction de leurs aspirations professionnelles futures. Dans une perspective d'intégration et d'ouverture au quartier, le LAB peut également être utilisé par le public extérieur, que ce soit à des fins personnelles ou pour participer à l'apprentissage.

Toujours dans une optique d'accompagnement à l'apprentissage et de transmission, j'ai créé un outil d'apprentissage : LABO (La Boite À Outils). LABO est un outil d'apprentissage à taille humaine, conçu de manière mobile, développé pour accompagner les jeunes dans leur apprentissage du métier de menuisier, tout en favorisant les interactions avec les personnes extérieures.

J'ai également imaginé une plateforme/application, le LAB'Cure, qui accompagne à la fois l'apprenti et l'intervenant dans les étapes d'apprentissage du métier.

Un moment marquant/meilleur souvenir sur ce projet ?

Un des moments marquants de ce projet a été la fabrication de mon module LABO en design, que j'ai réalisé avec mon oncle dans son entreprise. Il était important pour moi de le réaliser avec un membre de ma famille, pour ce projet de fin d'études. Cela avait une connotation symbolique importante pour la réalisation de ce projet. Ma famille m'a toujours soutenue au cours de ces 5 années d'apprentissage.