Entretien avec Jérémy Fourmaux, responsable pédagogique Jeu vidéo à LISAA Bordeaux
Jérémy Fourmaux est Game Designer au sein du studio bordelais d’Ubisoft. Il a rejoint l’équipe pédagogique de LISAA Bordeaux en septembre en tant que responsable de la formation Jeu vidéo. Retour sur son parcours eu sein de la profession et sur son ambition pour la formation.
Pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?
Psychologue de formation, je me suis retrouvé dans le jeu vidéo par la force des choses. J’avais choisi d’étudier le cerveau et l’ergonomie cognitive. Comment apprendre à apprendre ? C’est dans la continuité de ce parcours que j’ai rejoint l’ENJMIN à Angoulême dans la spécialité ergonomie. Mon profil m’a aidé à intégrer le service de Game User Research d’Ubisoft dès le mois de juin 2009 pour un premier stage de 3 mois. Je retournais au sein du même service pour mon stage de fin d’études en mars 2010. Depuis je n’ai pas quitté Ubisoft.
Quelle a été votre évolution au sein d’Ubisoft ?
J’ai commencé ma carrière dans le domaine du playtest : c’est globalement l’étude et l’évaluation qualitative de l’expérience utilisateur de nos jeux en cours de développement. Je suis très heureux d’avoir pu faire mes armes dans ce service car c’est une véritable école de Game Design. Pour preuve, j’ai eu l’occasion de travailler sur plus de 30 projets Ubisoft lors de mes 2 ans et demi dans le service.
J’y ai appris ma première leçon de Game Design : l’humilité. A la fin c’est toujours le joueur qui a raison et il faut parfois mettre de côté ses propres intentions de Design pour écouter et s’autoriser la surprise de ce que le joueur a, lui-même, envie de faire avec notre jeu.
En octobre 2012, j’ai intégré le service Éditorial d’Ubisoft en tant que Line Designer en relation directe avec le Chief Creative Officer d’Ubisoft, Serge Hascoët.
Quel est le rôle d’un Line Designer ?
Il est assez transverse et complet, c’est ce qui m’a attiré en premier. Au quotidien, cela revient principalement à maintenir le contact avec l’équipe de développement du jeu que l’on a dans son portefeuille de projet. Il s’agit d’être son porte-parole auprès du Siège autant que de relayer les messages du Siège et de la direction éditoriale auprès des équipes.
Concrètement un Line Designer va faire de l’assistance à Direction Creative, à Game Direction, du Game Design, de l’ergonomie, du management de risques et même un peu de marketing. En bref, un poste entre le marteau et l’enclume avec beaucoup de relation humaine.
J’y ai appris ma deuxième leçon de Game Design : la pédagogie. Le jeu vidéo est un milieu plein d’égo car on met tous un peu de nous dans nos jeux et tout le monde est en mesure d’avoir de bonnes idées. Souvent, pour qu’une idée fasse son chemin dans un projet, il ne suffit pas qu’elle soit bonne, il faut que tout le monde en soit convaincu.
Que faites-vous aujourd’hui chez Ubisoft ?
Après 5 années au Service Éditorial d’Ubisoft, j’occupe aujourd’hui un poste de Game Designer au sein du studio de Bordeaux. Je m’occupe principalement de sujets liés à l’Intelligence Artificielle pour un projet non annoncé.
Aviez-vous une expérience d’enseignement avant LISAA ?
J’ai commencé à enseigner en 2011, en parallèle de mon job chez Ubisoft, et je n’ai jamais arrêté. D’abord à l’ICAN à Paris puis a ISART Digital, j’ai eu beaucoup de promotions et presque 500 anciens étudiants avec autant d’histoires humaines. Cela m’a aidé aussi à devenir un meilleur professionnel car l’enseignement aussi nécessite de l’humilité et de la pédagogie.
Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’équipe pédagogique de LISAA ?
Je m’étais un peu éloigné de l’enseignement en emménageant à Bordeaux, j’ai donc accueilli la proposition LISAA avec beaucoup d’enthousiasme. Le courant est vite passé avec Romain Auberger (le directeur pédagogique, ndlr) car nous partageons les mêmes valeurs de proximité et d’échange qui sont pour moi au cœur d’une démarche pédagogique positive et efficace. Aussi il s’agit de créer un parcours complet de 3 ans pour former les professionnels du jeu vidéo de demain. C’est un objectif extrêmement stimulant.
Quelles sont vos ambitions pour la section jeu vidéo ?
La question est à la fois éminemment complexe et d’une simplicité enfantine. Réponse simple, devenir une des écoles de référence sinon LA référence en matière de formation pour le jeu vidéo
La complexité relève d’une concurrence qui s’accroît année après année, beaucoup de formations s’ouvrent partout sur le territoire. Il faudra aussi faire la différence. Nous souhaitons mettre l’enseignement des outils au cœur de notre pédagogie pour former des créatifs autonomes sur les outils utilisés au quotidien dans leur future profession.
Mon ambition pour la section Jeu vidéo de LISAA Bordeaux, c’est donc de former des professionnels à la fois créatifs et techniques. La qualité de livrable que l’on peut atteindre avec les profils particuliers que LISAA attire, a le potentiel de surclasser toutes les autres formations dans le domaine.
Dans quel écosystème s’intègre cette formation ?
Bordeaux est une ville dynamique, en pleine croissance, et un des centres historiques du jeu vidéo en France. La ville propose déjà de belles histoires avec des entreprises comme MotionTwin ou Asobo. Avec l’implantation récente d’Ubisoft et le tissu déjà dynamique d’entreprises du Digital, on ne peut qu’imaginer l’avenir du Jeu vidéo à Bordeaux comme plein de promesses.