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18.02.25
LISAA Rennes

Florent Chamiot Poncet : transmettre un design graphique engagé et audacieux

Graphiste et enseignant à LISAA Rennes, Florent Chamiot Poncet transmet aux étudiants son approche du design d’auteur, les aidant à affirmer leur identité graphique et à concevoir des visuels impactants. En parallèle de son enseignement, il mène des projets engagés dans l’espace public. Récemment, il a collaboré avec Ilta Studio pour repenser la signalétique urbaine et sensibiliser les usagers à une nouvelle perception de l’espace partagé. Retour sur une expérience où création et engagement citoyen se rencontrent.

Repenser l’espace public par le design graphique

Quels enseignements dispenses-tu à LISAA ?

J’enseigne le design d’auteur avec les G2 et les G3. Le principe de ce cours est de tenter de trouver une écriture graphique personnelle afin de gagner en compétence et d’être capable de proposer des réponses graphiques identifiables et originales.

Récemment, tu as eu une actualité professionnelle riche et inspirante en dehors de tes enseignements sur LISAA, peux-tu nous en dire quelques mots ?

J’ai été contacté par ilta studio, une structure qui met en relation les institutions et les artistes afin d’intervenir dans l’espace public.

Le projet était basé autour d’une rue semi-piétonne limitée à 30 km/h mais dont la limite n’est que très peu respectée. Cette rue avait été une rue normale limitée à 50 km/h pendant au moins 20 ans. De plus, elle est en bas d’une belle descente. Forcément, il est très difficile de faire changer les habitudes des personnes qui l’empruntent depuis toujours. 

Le commanditaire ne souhaitait pas déclencher des travaux et des aménagements tout de suite et préférait sensibiliser les usagers et présenter cette place comme un espace vivant et un espace de partage où la voiture n’est pas nécessairement souveraine. Nous avons décidé d’utiliser d’anciens panneaux de signalisation et de les détourner tout au long de la rue afin de surprendre les usagers et, par conséquent, leur faire adopter une conduite plus prudente.
Au total, il y avait 60 panneaux répartis sur 10 poteaux, de chaque côté de la rue, le long de la place Jeanne Laurent dans le quartier de La Courrouze à Rennes.

Qu’as-tu retiré de cette expérience ?

En fait, j’ai été étonné par l’accueil très mitigé de certains usagers. Personnellement, je pensais faire un petit truc sur la place, les habitants et usagers verraient et que ça s’arrêterait là. Mais c’était sans compter sur les réseaux sociaux et la virulence des personnes derrière leur clavier...

Automobilistes, personnes ne vivant pas dans le quartier, professionnels de la signalétique et autres ; certaines personnes ont descendu le projet à coup d’arguments plus ou moins fondés ! L’expérience que j’en ai tirée est que mettre son travail dans l’espace public nous expose à des critiques parfois violentes et infondées. Heureusement, beaucoup de personnes ont apprécié et ont souhaité voir le dispositif ailleurs dans la ville. Notamment, aux abords des écoles...

Quel conseil donnerais-tu à un étudiant qui voudrait se lancer dans un projet similaire ?

Il faut être patient et flexible. Il y a vraiment un écart entre le projet initial et ce qu’on peut voir aujourd’hui. Je connaissais la contrainte du budget mais d’autres sont arrivées au fur et à mesure : les règles de sécurité, l’impossibilité d’installer sur le mobilier existant, la distance vis-à-vis de la voie... Et avant d’y arriver, il y a eu toute une phase de présentation, de maquettes, de réunions. Le projet a duré 11 mois au total et sans Cyril d’Ilta, il n’aurait jamais vu le jour !

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