LISAA Rennes participe au festival Nos Futurs
Du 24 au 26 mars, dans le cadre du festival Nos Futurs à Rennes, les étudiant.es de LISAA investissent le hall des Champs Libres et son rond-point central pour questionner le lien entre design et citoyenneté. Quel impact ont l’espace, la scénographie, les objets et dispositifs de médiation, les images fixes ou animées sur la construction même du débat ? Une question très actuelle à laquelle les étudiant.es de Lisaa Rennes ont répondu à travers une série de projets pédagogiques. En dévoilant pour l’occasion quelques-unes de leurs propositions créatives, les futur.es designers nous offrent un regard renouvelé sur les manières de faire démocratie.
Le Parlement de la cantine : une scénographie sur la vie d’un plateau repas à la cantine de la Ville de Rennes.
Dans ce projet pédagogique, les étudiant.es de prépa et d'architecture d'intérieur et design devaient concevoir une exposition échelle 1 autour de la critique – assez commune, mais à débattre – consistant à dire que « La cantine, c’est pas bon ! ». L’objectif était de prototyper une exposition donnant à voir la vie d’un plateau repas à la cantine, de sa production en cuisine centrale jusqu’à sa consommation dans les espaces de restauration. L’exposition doit permettre à des citoyen.nes rennais, des agent.e.s de la Ville de Rennes et tout.e autre acteur.rice intéressé.e et concerné.e, d’équiper leur jugement pour mieux évaluer et discuter ce qui fait – ou pas ! – un « bon » plateau repas à la cantine. Et derrière cette prise de conscience, de pouvoir agir et imaginer collectivement des solutions sur la base du dialogue instauré. Ce dispositif de visualisation participatif a la particularité d’évoluer au fil des échanges et des contributions.
Le Parlement des Choses : un Lab citoyen à Rennes
Dans ce projet pédagogique, les étudiant.es en architecture d'intérieur et design avaient pour mission de concevoir un espace de délibération et de partage d’initiatives citoyennes. L’objectif était d’imaginer un lieu et un espace créant les conditions du dialogue autour de controverses en lien avec des pratiques de la vie quotidienne.
Ce projet part du constat que, à Rennes – comme ailleurs –, il n’existe pas d’espaces permettant aux citoyennes et aux citoyens d’aborder et de questionner collectivement les pratiques « ordinaires » : habiter, manger, se déplacer, se vêtir, travailler, éduquer, se divertir, utiliser les objets numériques… Chacune d’entre elles est pourtant le creuset de petites ou grandes controverses qu’il s’agirait de démêler voire de résoudre en expérimentant des scénarios d’usages alternatifs en phase avec la vision d’un futur souhaitable et durable.
Dans les traces des recherches du philosophe et sociologue Bruno Latour, l’enjeu est ainsi d’imaginer concrètement ce que pourrait-être un Parlement des Choses, un Lab d’innovation publique donnant prises aux citoyen.nes résolument décidé.es à s’engager et évoluer sur les parois incertaines du Monde contemporain.
Être citoyen.ne à Rennes en 2060 : projet de Design Fiction
Dans le roman Les choses, Georges Perec dépeint l’ordinaire d’un jeune couple de psychosociologues parisiens vivant dans les années 60, une période fortement marquée par un engouement pour la consommation. Sylvie et Jérôme se projettent dans ce que pourrait être leur futur appartement. Les choses qui l’habitent parlent de leurs désirs et du sens qu’ils veulent donner à leur vie.
1960 – 2060 : 100 années d’écart. Les époques ont changé. Le bien-être ordinaire ne s’ancre plus dans la société de consommation. Le progrès et la mondialisation montrent désormais plusieurs visages. Pour Bruno Latour, il faut plus que jamais composer avec le nouveau régime climatique, les inégalités, les crises migratoires. Tout est lié d’ailleurs. Face à cette nouvelle donne, l’enjeu est désormais de « découvrir en commun quel territoire est habitable et avec qui le partager ».
En même temps, certaines technologies rendent le quotidien plus vivable. De nouveaux modes de vie sont mis à l’épreuve par les habitants-citoyens-consommateurs : « Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? », nous invitait Rob Hopkins en 2019.
- Et si…
- Et si nous libérions notre imagination pour anticiper ce que sera la façon d’habiter Rennes en 2060 ?
- Et si nous aidions la toute prochaine génération à composer ce que sera son quotidien ?
- Et si nous engagions une correspondance inédite avec elle pour l’aider à « bien vivre », « mieux vivre » et si possible… vivre heureux en 2060 ?
Dans ce projet de design global – et de design fiction – les étudiant.es doivent imaginer, concevoir, représenter l’intérieur d’un ou de deux appartements de l’emblématique Barre Saint-Just créée par le non moins célèbre architecte Georges Maillols. Ils/elles doivent également travailler autour d’un service destiné au collectif d’habitant.es du bâtiment, en lien avec l’extérieur et, plus globalement, en relation avec la Ville de Rennes.
Pour ce projet de design global, toutes les approches sont convoquées : design d’espace, design de service, design d’objet, design d’interaction, design graphique ; et tous les éléments doivent s’articuler autour d’un concept fort.
Objets de dialogue : Workshop ideation et concept
Les étudiant.es de deuxième et de troisième année de Lisaa Rennes ont eu à répondre à la question suivante : « Quelles choses pour équiper et valoriser son engagement et sa participation de citoyen.ne à la vie de la Cité ? »
Dans le cadre d’un workshop d’une semaine, ils/elles devaient ainsi concevoir différents objets ou mobiliers dont la vocation première est de créer, faciliter, renforcer le dialogue entre les citoyen.nes.
Quand les non humains prennent part au débat
« Venez découvrir l’installation immersive qui vous fera ressentir la DATA ». C’est la proposition de Pierre-Marie Bagot, en troisième année de la formation design graphique et déjà spécialisé dans la production de visuels informatifs (ou dataviz).
Pierre-Marie Bagot nous explique sa démarche : « Nous avons utilisé des données numériques (DATA) pour créer un dispositif audio-visuel qui fait ressentir au spectateur par l’image, le son, le rythme, ce que signifient les données en question. Nous avons automatisé le système pour l’adapter à tous les types de données, des données scientifiques plus spécifiquement. Ici, les données du covid-19. Grâce au code, nous avons créé un visuel abstrait et intrigant qui bouge et se déforme en fonction des données en entrée. De la musique est modifiée avec ces mêmes données ainsi que la DATAVIZ pour donner de vraies infos en second plan au spectateur ». Dans ce projet provocateur mais réaliste, Pierre-Marie Bagot fait exister le virus. Celui-ci semble s’amuser de la situation qu’il provoque. Il danse au rythme de la musique. Sa forme évolue en suivant les statistiques d’infection, d’hospitalisation, de mortalité... Plus les humains s’amusent, postillonnent et se contaminent, plus le virus danse et grossit. Une illustration originale – là encore très latourienne – qui démontre qu’une entité non-humaine peut véritablement prendre part au débat.