« A la fois art et technologie » : Entretien avec Douglas Alves, spécialiste de l’histoire du jeu vidéo

Quel est votre lien avec LISAA Animation et Jeu vidéo ? 

Je suis intervenant à l’école, pour la section Jeu vidéo essentiellement. C’est un cursus pour apprendre à faire du jeu vidéo. Moi, mon rôle, c’est surtout leurs apporter aussi pleins d’éléments qu’ils n’ont pas, des éléments culturels et historiques sur le jeu vidéo. Mon but c’est qu’ils acquièrent une solide culture dans le domaine du jeu vidéo. Il n’y a que peu d’élèves qui connaissent l’évolution de ce domaine donc moi je suis là pour leur enseigner, leur montrer les bases du jeu vidéo et les connections qui existent au fil des années. Dans ces cours, on parle donc de l’histoire du jeu vidéo, mais aussi de l’industrie en elle-même et de son impact dans nos sociétés pour qu’ils comprennent ce média dans sa globalité. 

Cette année vous êtes intervenu dans le cadre des journées portes ouvertes  

Douglas : Exactement, j’ai donné une conférence sur l’histoire du jeu vidéo, pour montrer aux potentiels futurs élèves l’étendu de ce domaine d’étude. 

Aujourd’hui, vous vous consacrez à l’étude du jeu vidéo ou vous êtes toujours dans la création ?

Douglas : Alors c’est vrai qu’aujourd’hui je travaille en grande partie sur l’étude du jeu vidéo, je donne des cours sur l’histoire et la culture du jeu vidéo. En ce moment, je conçois aussi une série documentaire traitant de l'origine des jeux "Open-World" nommée Overworld. Je garde contact avec l’industrie du jeu vidéo, notamment lors des salons professionnels parce que c’est important de se tenir au courant de l’actualité et des évolutions tant dans la technologie que dans l’usage du jeu vidéo. Et je suis aussi membre du conseil de MO5.COM, une association dédiée à la préservation du jeu vidéo.

Vous n’avez pas envie de vous replonger dans la création ? 

Douglas : Si, c’est vrai que ces dernières années j’ai donné pas mal de cours et ça me manque un peu de travailler sur un projet. Si tout va bien, l’année prochaine, on lance un projet de jeu en indépendants avec des amis. Ce sera l’occasion de me remettre dans la création.

Comment vous-êtes-vous retrouvé à travailler dans le domaine du jeu vidéo ? 

Douglas :  Depuis toujours je suis passionné de jeu vidéo et avant même de passer mon bac je travaillais déjà pour Tilt, le premier magazine de jeu vidéo en France.

Quel serait votre plus beau souvenir dans le domaine du jeu vidéo ?

Douglas : Parmi mes plus beaux souvenirs, il y a la rencontre avec de grands créateurs de jeu vidéo. Ça c’est vraiment des très bons souvenirs.  Il y aussi la première fois que j’ai joué à mon jeu coup de cœur, Galaxian de Namco. 

Quelle est l’importance d’étudier l’histoire du jeu vidéo selon vous ? 

Douglas : Ah pour moi c’est essentiel de connaître les bases d’un sujet. En arrivant dans mon cours, je vois qu’il y a des élèves qui sont déjà passionnés et qui connaissent de nombreuses choses et ceux qui sont plus sceptiques. C’est aussi dû au fait que c’est un domaine d’études qui se démocratise beaucoup. Il y a des élèves qui ne s’y connaissent pas vraiment mais son très curieux. On voit vite la différence entre ceux qui aiment jouer aux jeux et ceux qui veulent les créer. A LISAA, l’objectif, c‘est d’aider ces élèves à devenir des créateurs. 

Quels sont les atouts de la formation en jeu vidéo à LISAA ?

Douglas : C’est une formation en constante évolution et amélioration. Je dirais que c’est une formation qui compte beaucoup d’intervenants professionnels donc il y a un vrai lien avec la réalité du métier. Ce que j’aime bien aussi c’est qu’il y a pas mal de Game jam et d’exercices pratiques qui les forment à la création, il n’y a pas que du théorique. Et ça c’est important parce que comme dans toute formation artistique, il faut pratiquer pour progresser. 

Comment évolue le domaine du jeu vidéo ? 

Douglas :  C’est une très bonne question. Alors, selon moi, il faut garder en tête que le jeu vidéo est dépendant de l’informatique. Il y a 30 ans, le jeu vidéo, comme l’informatique, évoluait très vite, il y avait des innovations tous les mois. Aujourd’hui c’est plus ralenti. Il y aussi eu un grand développement des différentes familles de jeux, sur console, sur ordinateur, en tactile, sur téléphone, la VR, et il y a encore pleins de domaines en train de se développer. On peut faire énormément de chose avec une technologie comme celle-ci. Avec une caméra, on peut faire du cinéma et un film publicitaire par exemple, et bien avec le jeu vidéo c’est pareil ! Puis, aujourd’hui, il y a des jeux qui sont un peu aliénants, qui utilisent des techniques de manipulation cognitive, il y a beaucoup de choses à étudier d’un point de vue éthique. A côté de ça il y a des choses incroyables qui sont créées, qui vont apprendre pleins de choses au joueur, des aventures qui vont être extraordinaires. 

Il faudra peut-être aussi essayer de comprendre ce que c’est comme média le jeu vidéo : à la fois une technologie et un art. Il faut permettre à chacun de se l’approprier et de le comprendre, il y a un travail de pédagogie à faire là-dessus. Le jeu vidéo commence à atteindre une certaine maturité au niveau commercial donc on va peut-être arriver à une meilleure compréhension du média, peut-être que l’on va l’anoblir comme art au bout d’un moment, qu’on aura un musée du jeu vidéo [rires].

Le jeu vidéo que vous préférez, inconditionnellement, ce serait lequel ?  

Je dirais Dungeon master !